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L'origine
de ce dicton est assez.curieuse.
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Avant
la Révolution, une fontaine monumentale, édifiée
en 1686 par le maréchal de la Feuillade, en l'honneur de Louis
XIV. s'élevait au centre de la place des Victoires, à Paris.
Elle était surmontée d'une statue du Roi Soleil en costume
d'empereur romain, couronné de laurier par la Victoire et
foulant aux pieds Cerbère aux trois gueules,emblème de la
triple Alliance formée contre la France par l'Angleterre,
la Hollande et la Suède, en 1668. Autour du piédestal, quatre
figures d'esclaves enchaînés symbolisaient les nations vaincues
par les armes du grand Roi à différentes époques de son règne.
La hauteur totale de ce splendide monument de marbre et de
bronze doré était de 38 pieds, soit d'environ 12 m 50.
Deux
ou trois ans après son inauguration, un artiste inconnu en
fit, sur la petite place Royale de Cassis,
une reproduction simplifiée
(la Victoire et Cerbère MONDE étant
supprimés)
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sur l'image pour l'agrandir.
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et
de dimensions plus modestes, puisque son élévation n'était
que d'une " canne et six pans ..,
c'est à dire de 3 m 50. Sur chacune de ses quatre faces, un
mascaron laissait couler l'eau de la source de Muret, la seule
alimentant Cassis à cette époque.
Ce petit monument, en pierre du pays,
était si artistiquement sculpté, notamment la statue du
Roi et les quatre esclaves, que des voyageurs
parisiens, de passage dans la petite ville provençale, en
furent
enthousiasmés
et écrivirent à leurs amis de la capitale
"
Qui a vu la fontaine de Paris,
s'il n'a pas vu celle de Cassis n'a rien vu ",
et
cette phrase, devenue dicton, est plusieurs fois citée
par des auteurs du XVIIIe siècle.
Toutefois, après la démolition accidentelle de la fontaine
de Cassis en 1785, suivie de la destruction de celle de Paris,
par les révolutionnaires, en 1793, leur souvenir s'effaça
peu à peu et finalement le mot FONTAINE disparut du
texte.
Au lieu de comparer les deux monuments entre eux on en vint,
quoique cela soit quelque peu excessif, à faire la comparaison
entre la grande ville, capitale de la France, et (humble
village de Provence et à dire " Qui a vu Paris, s'il n'a pas
vu Cassis n'a rien vu ".
Et lorsque Frédéric Mistral, dans
" Calendal ", mit le dicton ainsi transformé dans la bouche
du pêcheur de Cassis, héros de son poème, la nouvelle forme
devint définitive, étant consacrée par le grand félibre!!!.
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Extrait de l'ouvrage de M.
Auguste BERNERIER, Conservateur des Archives et du Musée de Cassis
" LETTRES DE NOBLESSE DES VINS DE CASSIS " (1956)
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